Dimanche 3 décembre 2023, à 20h33
Il y a 7 ans jour pour jour, je te raccompagnais à la porte de mon appartement parisien, et après des mois de soirées, de discussions et de découverte mutuelle, on s'embrassait "enfin". Et en refermant la porte derrière moi, j'avais le coeur qui battait la chamade.
Qui aurait pu savoir que 7 ans plus tard, on serait là, à Annecy, avec un loulou, des souvenirs de voyages au Kirghizstan et au Sri Lanka, d'autres en Belgique, en Suisse, ou en Italie. Qui aurait pu savoir que l'on allait acheter un kayak et faire des virées tous les trois sur le lac, que l'on suspendrait nos hamacs partout en haut des sommets et au bord des rivières, que l'on ferait des randos par dizaines et qu'on partagerait le goût pour la danse libre ou l'escalade...
Qui aurait pu savoir nos signes secrets pour se dire "je t'aime" en public, la douceur de nos câlins infinis, notre langue semi-anglaise semi-française, nos surnoms, nos regards, notre tendresse et nos rires quand on se lâcherait et qu'on oserait être pleinement nous-mêmes sans peur du ridicule.
Qui aurait pu savoir que je me sentirais si bien dans ta famille et que j'aurais l'impression d'avoir gagné deux mamans, un frère, une soeur, un petit frère, une petite soeur et un beau-père. Que les relations nouées avec eux seraient si fortes, et qu'ils me témoigneraient autant de soutien et d'affection, indépendamment de toi.
Qui aurait pu savoir tout ce que l'on apprendrait sur nous, sur soi et sur l'autre en 7 ans : nos schémas d'attachement, nos triggers, nos traumas, nos désirs, nos limites, nos vulnérabilités.
Qui aurait pu savoir que l'amour que je te porterais survivrait à tout, même à la douleur, à la peur, à la tristesse et à la colère.
Qui aurait pu savoir que 7 ans plus tard, je ne regretterais rien. Que malgré les doutes, les cris, les pleurs, je garderais l'impression profonde que cette relation devait arriver de cette manière-là, et pas autrement. Qu'elle nous a amenés là où on doit être aujourd'hui.
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7 ans plus tard, il est temps de laisser nos chemins s'éloigner, de défaire nos vies si intimement liées. On a passé tellement de temps ensemble, on a vécu tellement de choses fortes qu'on ne sait plus vraiment où se situent les contours de chacun, et qui l'on est sans l'autre. Alors il est temps de se retrouver chacun et de regoûter à cette liberté de faire ses choix pour soi, sans avoir peur d'être désaimé.e par l'autre.
Je choisis ce soir, en conscience, de croire que tu m'aimeras toujours, tout comme je t'aimerai toujours.
Quoi qu'il arrive, quels que soient nos choix, cette histoire nous aura marqués à jamais. La décision de se séparer aujourd'hui ne changera rien : tu resteras toujours dans ma vie, dans mon coeur, tu feras toujours partie des raisons pour lesquelles je suis qui je suis aujourd'hui et de celles pour lesquelles je serai qui je serai demain. Il ne sera jamais possible de t'effacer, de t'oublier, de faire semblant que tu n'as pas été important, ou que tu n'as pas existé.
Il est temps pour nous maintenant de faire confiance à la vie... de nous faire confiance, d'oser vivre pleinement et de faire nos choix librement, et de nous dire que si nos chemins doivent se recroiser, ce sera au bon endroit, au bon moment.
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"On aimerait que la rupture soit une coupure franche. Bien droite et bien nette, d'un seul coup, comme le sabre qui décapite. Mais la rupture est une déchirure. A la différence de la séparation qui laisserait chacun redevenir la part entière qu'il était déjà auparavant, comme le rappelle l'étymologie, la rupture est une déchirure. Elle ne retrouve que rarement les contours nets de chacun. On ne rompt pas comme on découpe le long des pointillés, respectant soigneusement le patron qui reprend notre forme exacte. On déchire dans le tissu d'une vie commune où les identités des uns et des autres se sont si étroitement mêlées que plus personne ne sait vraiment où il commence et où l'autre s'arrête." (Claire Marin)